Chapelle funéraire Famille de Bigault du Granrut

La chapelle des Senades est un lieu de recueillement et de mémoire pour la famille de Bigault. Elle est porteuse d’une histoire qui embrasse celle du Pays d’Argonne, au-delà du seul souvenir des dizaines de membres de cette famille qui y reposent.

La présence des Bigault est attestée depuis le Moyen Age en Argonne, plus particulièrement  dans la vallée de la Biesme. Les diverses branches de cette grande famille y exerçaient l’activité de verriers.

L’EGLISE

À la fin du XIXe siècle, les sœurs de Bigault de Parfonrut, qui ont hérité de leur père la très ancienne verrerie des Senades (XVe), construisent une grande maison, le « Château », entouré d’un parc, puis une chapelle. Elle abrite les sépultures de nombreux membres de la famille et commémore le souvenir de la rafle et de la déportation en 1944 de Résistants argonnais

En août 1944, une dénonciation permet à des miliciens et gestapistes français, venus de Paris et de Sainte-Ménehould, d’identifier nombre de résistants des villages alentour. En quelques heures, le 26 août, seize membres du réseau Argonne sont arrêtés dont André du Granrut, ses fils François et Henri. Ils sont tous enfermés dans la Chapelle des Senades. La propriété est investie, pillée puis brûlée par la milice française et les Allemands. Tout part en fumée. Il ne restera qu’un pré immense et vide … Et la Chapelle.

Les hommes sont torturés puis déportés  vers le camp de concentration de Neuengamme. Dans la Chapelle, sont inscrits sur une plaque commémorative les noms de tous ces hommes valeureux qui ne sont jamais revenus d’Allemagne. Outre André et François du Granrut, ce sont Maurice de Finance, Jean-Henry Bertrand, Raymond Allandit, Charles Dubicq, Jean Thuillier, Pierre Fouquet.

LES VITRAUX

Les vitraux du choeur et de la nef représentent les saints patrons de la famille et tout particulièrement les  figures des trois soeurs fondatrices, Eugénie, Emilie et Zoé.

Les trois vitraux au-dessus du portail évoquent le travail ouvrier. Le vitrail central représente Notre Dame de l’Usine et de l’Atelier. A droite, c’est Saint Laurent, patron des verriers, représenté avec son gril – les verriers étaient surnommés en patois local les « hâzis », autrement dit les brûlés et à gauche, Saint Joseph, patron des artisans du bois. Ce qui est profondément original, c’est, en pied de chaque vitrail de ce tryptique, un bandeau monochrome, réalisé en « grisaille », évoquant de façon presque photographique les activités de la société du Granrut et aussi le rôle de ses dirigeants. On voit à gauche un atelier évoquant le travail du bois. Au milieu le patron de la verrerie, représenté devant la chapelle, en indique l’entrée del’église à ses ouvriers. Le bandeau de droite montre la fabrication des cloches en verre, spécialité ancestrale des verreries de la vallée de la Biesme.

Les vitraux ont été réalisés par divers ateliers plus ou moins renommés, choisis par les donateurs.

Sources : Archives privées – Texte Ariel du Granrut

Vous pouvez retrouver ici (insérer lien) un reportage réalisé par Fr3 en 2022 à l’occasion de l’annonce de l’inscription du programme de restauration dans les projets retenus par la Mission Bern

Ouvertures : Journées du Patrimoine – Visites guidées pour groupes lors d’animations particulières (Amis du Verre d’Argonne)